Rencontres

Rencontres, fleurs de sporange bleu, éclosent à chaque instant comme des bigarreaux. J’élabore un plan Pachelbel à coup de notes musicales pour les faire germer plus vite. Les feux d’artifices sont bientôt près pour ce soir, espérons que les étoiles noires n’obscurcissent pas trop la pleine lune. C’est après de nombreux essais ratés que pleurent mes larmes fraternelles multicolores. Bien que j’arrose mes plants assez souvent, ils réclament encore à manger, alors je les nourris : un verre d’eau salée pour les épicer, un verre de lait pour les adoucir et une cuillère de sucre en poudre pour les aciduler, mais attention, du sucre roux, bien bleu.

Une heure plus tard, mes fleurs éclosent pour la journée dans un panache arc-en-ciel cosmopolite. J’ai du mal à ma faire à l’idée que ma belle palette de couleur coulera toute seule sur la toile et qu’il me faudra recommencer à nouveau demain. Bleus tes yeux, oranges tes cheveux, un mélange des deux, ton visage merveilleux.

Je n’attends qu’une seule chose : pouvoir récupérer les graines transparentes et les re-semer pour multiplier mes plants, mes rencontres. Assis dans mon fauteuil, mes fleurs me regardent et la discussion s’entame. Une douce voix caresse mes tympans. J’entends vert, jaune, bleu, rouge et blanc. Elles me prennent dans mon dépourvu quotidien. Elles me pèsent le jour, mais dès qu’elles partent pour se phosphorer, elles me manquent déjà. Toutes ces couleurs, tous ces discours, intenses, me disjoignent et j’oublie tout. C’est ainsi. Je cours, j’arbitre, je triche, j’anime et j’aime. Je me démène, j’accuse les silences, les étudie, les utilise et les emploie. Je vois rouge, bleu, jaune, vert et blanc. Je passe mes journées en compagnie d’une multitude de couleurs, d’une multitude de gens. Je fais des rencontres sonores standards et parfois les rythmes se confondent, s’ajoutent et se mélangent…

Je suis un être social, mes fleurs me le rendent bien.

S. Vastel