L'hybris de l'homme
Ce concept d'hybris est présent dans l'explication du texte de La Bruyère Arrias
Cet article fait suite à l'explication succinte du concept vu en classe pour être illustré ici.
Définition de l'hybris: L’hybris (aussi écrit hubris, du grec ancien ὕϐρις / húbris, se prononce "ubrisse") est une notion grecque que l'on peut traduire par démesure. C'est un sentiment violent inspiré par les passions, et plus particulièrement par l'orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance et la modération. Dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime. Elle recouvrait des violations comme les agressions sexuelles et le vol de propriété publique ou sacrée. On en trouve deux exemples bien connus les deux discours de Démosthène Contre Midias et le Contre Conon.
Démosthène était un célèbre avocat de la Grèce antique, particulièrement habile dans l'art de l'éloquence. Il sait donc parfaitement manier la rhétorique et réaliser des discours argumentatifs pour attaquer ou défendre une cause ou une personne.
Dans l'esprit du texte de La Bruyère qui met en scène le personnage d'Arrias, emprunt d'une telle démesure qu'on pourrait lui attribuer le délit de l'hybris, voici le début du discours de Démosthène Contre Midias, qui s'apparente au personnage d'Arrias. L'action se déroule au tribunal où Midias est accusé d'hybris par Démosthène.
CONTRE MIDIAS.
"Vous savez sans doute, Athéniens, (et qui de vous pourrait l'ignorer?) quel est le caractère violent de Midias, et son insolence envers tout le monde. Ce que chacun eut cru devoir faire s'il eût été insulté, je l'ai fait; j'ai porté mes plaintes devant le peuple; j'ai accusé Midias d'avoir violé la sainteté des fêtes de Bacchus, en osant me frapper sur le théâtre, après avoir exercé envers moi mille autres violences durant tout le cours de ma chorégie. Lors donc que le peuple, animé d'une juste colère contre ce méchant homme, et aussi sensible à l'injure qu'il m'avait faite, que peu touché de ses démarches et de celles de tous ses fauteurs l'eut condamné tout d'une voix, sans égard ni à sa fortune ni à ses promesses ; alors plusieurs citoyens, dont quelques-uns même siègent actuellement dans ce tribunal, vinrent m'exhorter à le poursuivre sans relâche, à le livrer entre les mains de votre justice. Deux motifs, à ce qu'il me semble, les faisaient agir; l'outrage que j'avais essuyé, et l'envie de faire punir un audacieux qu'ils voyaient attaquer tout le monde indistinctement, un homme dont il n'était plus possible de contenir l'insolence.
Dans cet état de choses, après avoir rempli les formalités nécessaires, autorisé par le magistrat, je le présente, comme vous voyez, devant votre tribunal, pour implorer contre Midias la sévérité des lois. Dans l'objet de me faire désister de mon accusation, on a employé, à plusieurs reprises, les caresses, les menaces même : tout a été inutile. C'est à vous maintenant de faire, pour votre part, ce qui est convenable; et plus Midias vous a importunés par ses sollicitations, lui que je voyais dernièrement intriguer sans pudeur dans la place publique, plus j'espère que vous me ferez justice. Non, je ne puis prendre de vous cette idée, que vous soyez capables de froideur et d'indifférence dans une insulte qui vous a tant affectés d'abord; ni que des juges, liés par un serment prononcent contre les lumières de leur conscience, afin d'assurer pour toujours à Midias l'impunité de son audace.
Si j'avais à l'accuser d'avoir enfreint les lois, prévariqué dans une ambassade, ou commis quelque autre délit pareil, je me dispenserais de vous adresser des prières, persuadé que, dans de semblables délits, l'accusateur doit simplement convaincre les juges, et que l'accusé seul peut les prier. Mais puisque Midias a corrompu les juges du théâtre, et que par-là il a frustré ma tribu du prix de la victoire ; puisque j'ai été frappé moi-même, et outragé comme ne le fut jamais nul chorège, je puis, sans doute, dans un jugement où je poursuis la condamnation que le peuple, justement indigné, a prononcée contre le coupable, oui, Athéniens, je puis vous adresser des prières. En effet, je me regarde aujourd'hui, en quelque sorte comme accusé, puisque manquer d'obtenir réparation d'une insulte, est une espèce d'affront juridique. Écoutez-moi donc, je vous prie, avec bienveillance, et, si je convaincs Midias de m'avoir insulté d'une manière atroce, d'avoir attaqué dans ma personne les lois et tous les citoyens, vengez-moi, je vous supplie, vengez-vous vous-mêmes. Il est vrai que c'est moi personnellement qui ai été outragé sur le théâtre ; mais il s'agit, en ce jour, de décider si l'on autorisera de pareils excès, et s'il sera permis d'outrager impunément celui que l'on voudra d'entre vous. Si donc quelqu'un des juges a pu d'abord regarder cette cause comme particulière; considérant aujourd'hui qu'il importe à l'état qu'aucun de ses membres ne puisse être ainsi maltraité par aucun homme quel qu'il soit, qu'il m'écoute comme dans une cause qui intéresse le public, et qu'il prononce ce qui lui paraîtra le plus conforme à la justice, On va commencer par vous lire la loi en vertu de laquelle on peut porter ses plaintes au peuple; je continuerai ensuite, et je tâcherai de vous instruire sur le reste. Greffier, lisez la loi. [...]"
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