Tout pour le bac

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Plan détaillé de la lecture analytique -Les Liaisons Dangereuses, 1782 - LA 1 - lettre 81

Plan détaillé de la lecture analytique « de la manipulation », lettre 81, les liaisons dangereuses, Laclos, 1782


1-      Situation du passage :

Cette lettre est la réponse de la marquise de Merteuil à un défi que Valmont vient de lui lancer. Dans un moment tendu de leurs relations, le vicomte avait clairement laissé entendre à la marquise qu’elle ne pourrait faire la conquête de Prévan, un des plus habiles séducteurs de Paris, sans s’exposer à voir s’écrouler son système de défense. La Merteuil étant demeurée silencieuse après un défi aussi outrageant, Valmont lui révèle, afin de mettre en doute l’indépendance dont elle se glorifie, comment Prévan (lettre 79), ce virtuose en libertinage, conquiert et humilie ses victimes. C’en est trop pour la marquise de Merteuil, qui décide de dévoiler, pour la première fois, à Valmont les fondements secrets de son immense pouvoir.

- PB à trouver

2-      Plan détaillé

 

 

 

I- La révélation du secret : Merteuil capte le secret des autres et viole leur intimité

 

1/ L’origine du machiavélisme

répétition 1ère personne « je » -> traduit de l’irritation

* confrontation du pronom adverbial « on » qui désigne le système d’éducation imposé par la société à la résistance d’une individualité qui refuse  toute forme d’embrigadement.

-> lutte contre les dogmes moraux et sexuels de la société : opposition entre les couples de mots ligne 11 « vouée par état au silence et à l’inaction » + l.13 « étourdie ou distraite » à quoi l’individualité répond l.12 « profiter pour observer et réfléchir ».

=> Merteuil s’érige contre les principes sociaux qui tâche de dissimuler leur future condition aux jeunes filles et s’en sert pour conquérir sa liberté.

 

2/ La mise en scène du moi

* Résultats rapides de la méthode libertaire : la 1ère personne en marque les étapes d’assimilation : l.17 « m’instruire », l.20 « j’essayai », succès l.21 « j’obtins », l.23 « je tâchais de régler »

-> les résultats orientent le sujet vers un art de la tromperie.

* la rhétorique du passage est aussi bien construite : au début s’oppose je/on alors qu’à la fin, je/vous l.32 « dont je vous ai vu quelquefois si étonné. » Final triomphant et péremptoire.

 

II- La construction de soi-même


1/ La notion de principe

-> Contrairement aux autres femmes soumises aux influences extérieures, Merteuil invente ses principes de conduite et tient à les respecter :

* Rythme ternaire + participes passés désignent la passivité des autres femmes. l.6 « donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude »

*l’exercice d’un choix libre et réfléchi revient, par orgueil, à s’attribuer des qualités divines : l.9 « je suis mon ouvrage ».

+ répétition (insistance) l.4 « principes » 

=>  Merteuil se façonne selon sa propre volonté, elle est donc démiurge. La seule condition pour y parvenir consiste à respecter les règles qu’elle se fixe.

 

2/ La création d’une anti-nature


-> Le regard est l’élément privilégié du masque :

* l.21 « prendre à volonté ce regard distrait » -> voir sans être vu est la clé du pouvoir de l’intime (épistolaire, sexuel)

-> Merteuil parvient à réprouver ses émotions :

*l.3-4 « régler de même les mouvements de ma figure » -> La femme au XVIIIème est perçue comme une nature affective, comme Mme de Tourvel. Merteuil assied son pouvoir sur des clichés et se construit en opposition.

-> Le contrôle des émotions fait l’objet d’un travail, du latin « tripalium » = instrument de torture, trident) :

* l.25-26 au «chagrin », Merteuil répond par de la « sérénité » et de la « joie », ce sont pourtant des affections spontanées qui deviennent l’occasion de créer une anti-nature libérée des contraintes de l’affectivité.

 

(Quelques idées pour compléter les connaissances :

Les perversions de la raison : l’observation et la réflexion

-> Critique fréquente des roman du XVIIIème : l’éducation des couvents donnée aux jeunes filles sont très éloignées de la réalité ce qui les rend incapables de les affronter.

-> L’observation et la réflexion, l.12, ne portent pas sur des matières philosophiques, phénomènes naturels ou problèmes de société mais sur des anecdotes mesquines de la vie privée

-> Le principe scientifique de l’expérimentation est au cœur de la pensée des Lumières (Locke, Newton). Il faut toujours vérifier par calcul et analyse expérimentale le bien fondé des hypothèses pour parvenir à la vérité. (cf I-2/ pour illustrer)

-> fin du siècle = dévoiement des principes optimistes du siècle -> crise des Lumières : l’expérimentation d’abord légitime de la puissance est détournée de sa finalité altruiste.)

 

CL : La mise en scène d’un pouvoir de l’ombre exercé par la femme témoigne des inquiétudes et des hantises qui surviennent à la fin du XVIIIème siècle. Ce passage symbolise la transgression qui préside au roman tout entier. En découvrant le principe de la manipulation qui assure à Merteuil son pouvoir suprême, le lecteur du XVIIIème est fasciné et inquiet. La raison qui œuvrait aux progrès du « genre humain » disait Voltaire est mise au service des intérêts égoïstes et strictement privés d’une femme perverse qui a violé les lois naturelles.

Bien que le personnage manifeste ici une véritable révolte, Laclos dénonce sans doute ce que des principes moraux, traditions et coutumes comme les appelaient Pascal dans ses Pensées en 1669, peuvent engendrer. Des dogmes rigides et immuables peuvent naître des personnages malveillants et bien plus dangereux encore que ceux qui veillent au maintien de ces principes intangibles.



18/04/2013
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