Tout pour le bac

Objectifs et enjeux:

* s'interroger sur le rôle de ce monologue

* parfaire le portrait de B. entre perso comique et tragique

* analyser le sens de la décision finale de Bérenger

Eléments d'introduction:

Rhinocéros, 1959 – Ionesco dramaturge XXè...

situation du contexte: B. Est scandalisé d'apprendre par Dudard que son chef M. Papillon est également devenu rhinocéros. Même le logicien s'est transformé! Daisy ne comprend pas l'agitation de B. Rien en peut plus empêcher que la jeune femme rejoigne le troupeau des mastodontes qu'elle trouve "beaux comme des dieux". Elle s'en va. B. Reste le seul homme, environné de têtes de rhinocéros accrochées au mur qui deviennent de plus en plus belles. Devant sa glace, il se demande que faire...

Pb: en quoi ce monologue est-il absurde?

I- Une ultime prise de conscience (questionne l'existence)

II- Du comique au tragique

I- Une ultime prise de conscience

Rappeler qu'à la fin de la conversation avec Dudard, B. lance aux rhinocéros en leur montrant le poing: "Non, je ne vous suivrai pas". C'est le seul à échapper à l'épidémie. Mais il hésite jusqu'au bout. A la différence de la tragédie classique où le héros prend sa décision plus tôt, ici elle est prise in extremis.

1/ Une lutte s'engage:

* deux premières répliques "on ne m'aura pas, moi" et "vous ne m'aurez pas, moi"

: passage du pronom impersonnel "on" au personnel "vous" pour désigner les rhino -> B. n'a plus peur de les nommer et de s'adresser directement à eux.

: le "vous" commence la réplique et finit avec insistance sur le "moi" -> une lutte s'engage entre les "vous" et "moi", càd les rhino et B.

+ à la réplique suivante: le "je" répété 2 fois est passé en 1ère position (sujet de l'action) devant le "vous"désormais en position d'objet "je ne vous suivrai pas, je ne vous comprends pas"

+ réplique immédiate suivante: "je suis ce que je suis. Je suis un être humain": disparition du "vous", domination du "je" -> victoire rhétorique de l'espèce humaine que représente B. sur les rhino.

2/ de l'esprit de résistance:

* Résultat de cette victoire: B. pose enfin une bonne question (cf LC: dispute J. Et B. et la mort du chat de la ménagère décalées): l.20, "les mutations sont-elles réversibles?" mais retombe dans ses questions oiseuses: la lutte rhétorique ne fait que commencer

* La véritable victoire vient l.83 didascalie "il tourne le dos à la glace" car il maudit, prend conscience et accepte sa laideur "Comme je suis laid!" qui est sa différence et sa force -> renversement héroïque de B.

+ la syntaxe évolue: l.86 "je me défendrai contre tout le monde" puis l.88 "contre tout le monde, je me défendrai!": l'inversion des propositions témoigne de la résolution défensive de B.

+ vocabulaire et tournures héroïques: seul contre tous + vbs au futur de l'ind. VS absence de conditionnels -> position ferme de B. "défendrai!", "resterai" qu'appuient les modalités exclamatives

+ proposition nominale: l.87, "Ma carabine, ma carabine!" -> détermination de B.

+ la résistance n'est plus passive mais active: "Je ne capitule pas!" derniers mots de la pièce.

=> Il ne s'agit pas de vaincre mais de ne pas capituler: résistance active

3/ du mensonge des rhinocéros:

* B. est fasciné par l'animalité: ses mains ne sont pas rugueuses ni sa peau verte, son front sans cornes + l.70, "charmes" x2 = tromperie -> l'attrait de B. pr l'animalité est poussé in fine / + parallèle avec le chant des sirènes et Ulysse (mythologie) mais il lui oppose:

* la conscience de sa puissance de façon orgueilleuse: l.89, "je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout!" -> l'animal est beau, l'homme est laid mais leur puissance se vaut: l'homme a la force de resister.

* La puissance de l'homme réside dans ses faiblesses: oppositions des réactions de B. face à la séduction:

- de Daisy: ton pathétique de la scène précédente (il rappelle Daisy sur le palier, désespéré d'être seul) -> trace d'humanité

- du discours de séduction des systèmes totalitaires: cf LC N et CN: Denis de Rougemont résiste comme B. face à la séduction générale

-> Traces d'humanité qui va permettre à l'homme, B., de l'emporter sur les rhino

=> Grandeur paradoxale de B.: ridicule ac Daisy transcendé en héroïsme fondé sur la conscience d'ê un homme et non sur une idéologie. (Reproche à Ionesco de ne pas en proposer, cf interview http://www.ina.fr/video/CPC78052607 )

II- Du comique au tragique:

1/ Un monologue comique:

* B. se met du coton ds les oreilles pr ne plus entendre les rhino l.16-17: dérisoire face au vacarme ambiant des mastodondes. + NB: représentation de la présence des rhino sugérée par des bruits mis en scène (cf didascalies)

* B. veut apprendre la langue des rhino l.23 ou eux la sienne: il envisage le rhino comme capable de dialoguer.

* B. sort des tableaux du placards représentant "un vieillard, une grosse femme, un autre homme" l.51 alors qu'il s'exclame "c'est moi, c'est moi": perte de reconnaissance visuelle de la forme humaine: exagération: on ne peut pas perdre la mémoire ainsi -> volonté de montrer la torture psychologique que subit B. du système.

* onomatopées = effet comique (il imite les barrissements l.71)

* Reversement dans la perception qu'a B. de l'homme: l.33, "un homme n'est pas laid" -> l.54, "je ne suis pas beau, je ne suis pas beau"

+ oppositions des caractéristiques homme/rhino: front plat/cornes; mains moites/rugeuses; "corps trop blanc et poilu"/peau "dure" et "vert sombre"(l.67-68)

+ barrissements sont devenus des "charmes"

+ "Moi, B., "je suis un monstre"x2, l.79 -> suggère que les rhino n'en sont pas

=> inversion des valeurs esthétiques engende le comique + mise en scène/jeu de l'acteur peuvent l'accentuer.

2/ Un monologue pathétique:

- La déploration:

* B. a honte et sentiment d'impuissance: les reprises d'expression ou de mots pour se convaincre/se rappeler: "un être humain", "le pire, le pire", "personne [...] personne[...]", "les convaincre, les convaincre", "réversibles [...] réversibles" l.20 -> difficulté pr B. de penser, dc il se répète.

+ Raisonnement déductif traduit cette difficulté: logique suivante correcte: pr les convaincre, il faut leur parler. Pr leur parler il faut apprendre leur langue ou eux la mienne. Puis ABSURDITE: "Ms quelle langue est-ce que je parle?" ou "quelle est ma langue?" puis renoncement "qu'est-ce que je dis? Est-ce que je me coùmprends?" -> Une langue que l'on ne parle plus que tout seul est-elle encore une langue? -> le lgg comme véhicule de l'existence.

* Dessaroi de B.: jeu des exclamatives et interrogatives + ponctué par interjections l.58, l.79, "hélas!" pst ds tragédie + adv. "jamais" (l.79) qui accentue l'effet pathétique.

* Impuissance de B. qui s'apitoie: sur lui, l.1 "je suis tout à fait seul maintenant", et Daisy "pauvre enfant abandonnée dans cet univers de monstres" + la tâche de convaincre les rhino lui semble insurmontable: "ce serait un travail d'Hercule, au-dessus de mes forces" + faiblesse à vouloir ressembler aux rhino "J'ai eu tort, dit-il, comme je voudrais ê comme eux"+"comme j'ai mauvaise conscience", "trop tard maintenant" -> velleïté de B.

+ paroxisme d'impuissance avant son "sursaut" l.85 de conscience "je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas [...] j'ai trop honte."

-> Plainte jusqu'au revirement radical final.

CL: homme en proie des questions existentielles: se fuir en adhérant à une autre identité ou lutter: B. est tenté par la première puis trouve par une prise de conscience humaine le sursaut d'une résistance active à la tromperie. La faiblesse apparente de l'homme, qui repose sur le doute est soulignée par des basculements du registre comique et pathétique avec un personnage qui devient digne des héros de tragédie classique.

+ didascalies = "enseignement" (en grec) : direction du metteur en sc pr "enseigner" les lecteurs/spectateurs. Il existe celles destinées au jeu des acteurs + celle qui sont des discours narratifs -> polyphonie si ds dialogue. Ici surtt sur bande son car permet d'imaginer la présence des rhino -> crise du lgg articulé ds th. de l'absurde: substitut corporel, gestuel, du décor (Beckett)